Le blog de broceliandeO

Préface

 

Tel un pion sur un échiquier j’avançais entre la société et ma vie.

Je me contentais d’avoir une attitude de défense, voir même d’esquiver les coups de l’adversaire car au fur et à mesure de la partie, n’ayant pas de stratégie d’attaquant, je commençais à subir des menaces. Toutefois je conservais pour gagner du temps une phase de mobilisation de mes pièces.

Puis le combat tourna à mon désavantage. Je perdais mes repères. Mais quels repères au fait !

Les miens basés sur mes caprices et ma rébellion. Le fait de tout obtenir pour que les autres oublient que j’existe. Moi l’accident que ma mère savait si bien dire.

Je fus mise en échec dès ma naissance mais aujourd’hui est marqué par un tour décisif dans cette partie. Cette pièce dont je pare les attaques en me déplaçant me fait réagir. Je change d’espace. J’interpose de nouvelles pièces. Je gagne alors de l’espace, j’occupe le centre maintenant, je manie mes pièces ignorant la retraite. Un défi est lancé !

La partie n’est pas finie et il n’y aura pas cette phase : le mat.

 

Un Mentor a pris les rennes de la partie, ma partie et c’est moi la pièce qui se déplace sous ses doigts. 

 

   

Condensé de mon vécu

 

N’étant pas désirée je me suis retrouvée placée là dans une famille qui m’était étrangère.

Ma mère « reine mère » dirigeait, mon Père était exilé.

Certes je faisais ce que je voulais, personne ne s’en souciait du moment qu’ils avaient la paix.

J’ai commencé à marcher très tôt pour explorer ce monde. Il y avait tant de choses à découvrir. Mais ce n’était pas amusant personne ne me remarquait. Mes premiers pas, mes premiers mots c’est mon nounours Michka qui en fut le témoin. Du reste il est toujours aujourd’hui mon complice et mon confident.  

Pour attirer l’attention je disais toujours « non ». Qui l’entendait ? Personne…

 

J’étais libre de faire ce que je voulais du moment que je ne dérangeais pas. Libre ! Cela me fait rire car où est la liberté si il n’y a pas des règles à respecter !

 

Le temps de l’école, le lycée, la fac nouveau terrain de bataille ! J’ai pu alors me faire remarquer, lancer des défis, mais le plus souvent j’étais exclue des cours. Facilité des enseignants, on vire pour avoir la paix.

Je ne gagnais rien…aucune reconnaissance, aucun amour, aucune haine non plus, j’étais comme transparente !

 

Une punition, une récompense ? Jamais.

Bon ou mauvais résultat qui s’en souciait ?

 

J’ai toujours joué dans un monde imaginaire, m’évadant par le dessin, lego, musique… Kamikaze aussi car ainsi je ressentais la peur ! Je me faisais peur et alors j’ai découvert que mon corps pouvait vibrer sous la douleur.

Michka en a fait les premières expériences. Il a subi tout plein de sévices. Mais j’étais toujours Maître de ce jouet, il se laissait faire…

Mais mon corps lui réagissait ! Quelle merveille, quel plaisir de m’ouvrir, de sentir les brûlures, de voir les marques ! Je me dominais.

Et puis tiens on m’emmenait soit à l’hôpital soit chez le médecin, on s’occupait de moi.

Cet homme en blouse blanche qui me posait des questions.

 

Mais si c’est moi qui me punis où est-ce le plaisir ?

 

Je me suis alors imposée une discipline : la danse classique. C’est beau, on souffre et on a du plaisir. De plus mon professeur était une danseuse russe exilée, elle maniait la baguette et lorsqu’elle me disait tu peux mieux faire, c’était un compliment suprême ! Aussi je recommençais pour lui faire plaisir, mes pieds en sang  je dansais pour elle. Elle me regardait et me voyait au moins elle. J’étais certes une élève parmi d’autre mais une personne s’occupait de moi et me corrigeait.

 

J’ai également fait des concours de piano (renommés sur Paris), j’avais le plaisir d’obtenir de beaux diplômes, de belles mentions. J’aimais gagner. Et puis aussi la musique était un moyen de m’exprimer.

 

Je jouais avec les garçons, voiture, soldat etc.….. J’adorais. Ce n’était pas pour moi le monde des fillettes. Il me fallait commander et j’étais assez forte la dessus.

On me respectait en tant que chef de bande. J’étais fière. Je savais que les autres filles m’enviaient quelque part car jamais on venait me chercher des histoires  dans la cour.

Puis le temps des mob, de la moto, de la voiture, les virées, les délires entre gars, les courses…Mais peu à peu les garçons ont commencé à s’intéresser aux filles. Leurs jeux ont changé.

Il me fallait donc attirer l’attention d’une autre manière. La séduction !

 

Fini les jeux de garçons les copains … je serai comme ma mère ! Je séduirais, mènerais le jeu sans jamais m’attacher. Ce n’est pas un homme qui m’aura.

 

Je vous ferai grâce de mes quatre années de mariage et de celles qui ont suivi à élever seule mon fils (il avait 23 mois lorsque j’ai quitté le domicile conjugal). Durant ce temps aucune envie de refaire ma vie, des rencontres occasionnelles certes mais sans lendemain.

 

Alors j’ai joué encore, comme toujours.

 

Et puis lorsque ma progéniture adorée a commencé à sortir avec ses copains sans avoir maman derrière, j’ai décidée de penser à moi. J’étais fatiguée de jouer seule et puis mes règles n’étaient  plus à jour, j’étais dépassée et pensant être revenue à la case départ.

 

Il me fallait passer à l’acte, trouver celui qui ferait les règles.

 

              

Surfant sur Google à la recherche de nouvelles photos ou dessins sur le SM, j’ai cliqué sur le site Fesses rouges. Intriguée par les dessins (fessée), excitée aussi, ma curiosité me poussa donc à visionner ce site. Je découvris bien des choses inconnues (bondage par ex) et à la vue des photos je jalousais ces femmes.

 

Une solution s’offrait à moi : passer une annonce pour trouver un Mentor !

Il me fallait trouver un mentor, connaître la soumission, apprendre à obéir, être punie pour enfin exister pleinement.

 

« Je souffre donc je suis »

 

Ma boite aux lettres explosait. Dur de sélectionner surtout sans aucune expérience. Méfiance  donc… quelques sélectionnés avec échange de correspondance, je les sondais. Je n’allais tout de même pas me jeter au premier venu !

Durant plusieurs semaines (deux à trois mois en fait) j’ai échangé quotidiennement avec un homme courtois, prenant le temps de m’avertir des dangers de ce milieu, de m’écouter, apprendre à me cerner, curieux de savoir quels étaient mes désirs, mes attentes… (Je l’appellerai mon Educateur). Lorsqu’il sentit que j’étais « prête », il me fixa un rendez-vous dans un milieu neutre. Il m’avait communiqué un numéro de téléphone de cet endroit afin de me permettre de faire appeler une personne si je le désirais (mon fils me téléphona dans la soirée…). C’est ainsi qu’en toute confiance je découvrais avec cet Educateur les prémices de m’offrir. Avec lui j’ai concrétisé mon désir masochiste et j’ai eu la confirmation que c’était bien réel, je ne fantasmais plus, je vivais et jouissais. Cet homme avait un donjon dans Paris, lieu de délice et de supplice, il me recevait, m’apprenait, je découvrais, je me découvrais, il m’a même présentée, confiée à Maître Patrick (connu dans le monde BDSM (cf. le livre le lien), ce dernier m’a posé pour mon anniversaire un joli petit anneau sur le capuchon de mon bourgeon d’amour, moment intense d’être la « reine » le temps d’une soirée. Ainsi durant des semaines mon Educateur a pris le temps de s’occuper de ma formation. Cela ne nous empêchait pas également de sortir dans Paris pour tout autre plaisir.

J’ai pris mon envol ensuite car je désirais désormais trouver celui qui au quotidien (je ne parle de vie commune) voudrait me dresser, celui que j’aurai choisi pour devenir mon Mentor et que je finirais par aimer.

 

Alors j’ai rencontré des Dominants mais jamais assez de ce petit quelque chose en plus pour désirer m’abandonner totalement. Enfin je passais quand même d’agréables moments et lors de soirées privées, je faisais des connaissances, même que je sympathisais avec des Dominas. J’ai donc joué, je dis bien « jouer » mais j’espérais toujours trouver celui qui me fascinerait et qui saurait m’apprivoiser pour que j’accepte de lui confier non seulement mon corps mais aussi mon âme.

 

Et puis un jour, un mail… un Monsieur qui me demandait si mon Maître accepterait qu’il se joigne à nous. Ah souvenir, ce Monsieur m’avait  déjà écrit suite à mon annonce et à l’époque je lui avais répondu que j’étais prise en mains.

Et me voila répondant que je n’avais pas de Maître. Tout alla très vite, inconsciente ou… le destin… il est venu chez moi prendre le café, des mots échangés, j’aimais sa voix… découverte de mon corps… j’aimais ses mains… bref commença des rencontres régulières. Très vite c’était devenu des leçons comme il aimait à le préciser, très vite j’ai du apprendre à obéir. Il me faisait découvrir de nouvelles sensations, de nouveaux sévices… mes jouissances devenaient de plus en plus fortes… une année, deux années et trois années qu’il me dresse. Sans même m’en rendre compte je me suis laissée glisser, encapsulée sous sa loi. Je devenais accro, je me perdais… qu’importe j’avais besoin de lui…

 

Aujourd’hui c’est mon Mentor et je suis toujours en manque de lui…

 

Qui l’aurait prédit ?     


 

  

  

 

Jeu 24 jui 2008 Aucun commentaire