Elle aimait les mots. Elle aimait les femmes, elle aimait les hommes. Elle aimait l’amour et le plaisir. Elle aimait le plaisir des mots qui lui faisaient l’amour et dont les effluves enivrantes lui montaient à la tête et entre les cuisses. Depuis toujours elle aimait et aimait être aimée .Mais depuis toujours elle heurtait son désir et son désir d’amour à la vie et à la réalité.
Elle était entière et rêvait d’absolu …Peut-être en demandait-elle trop aux hommes, à l’amour à la vie …Peut-être en attendait-elle trop ? Peut-être aussi ne s’y prenait-elle pas toujours de la bonne manière …Peut-être dans son souci d’absolu, à force d’idéaliser et d’intellectualiser ce qu’elle attendait des autres s’efforçait-elle inconsciemment de les faire entrer dans un cadre prédéfini …En fait elle avait tendance à vouloir trop maîtriser les choses et les gens …à ne pas assez se laisser aller à son feeling…et elle se rendait compte – elle finit par se rendre compte – que cette tendance à vouloir maîtriser qui faisait partie d’elle-même, liée à son vécu l’empêchait de profiter pleinement de son aptitude au plaisir … Certes elle avait connu le plaisir et il faisait partie de sa vie mais elle se sentait toujours comme freinée dans ses élans …Peu à peu elle en était arrivée à l’idée de renoncer à sa tendance à vouloir maîtriser et à s’abandonner à ce qu’elle pressentait comme sa vraie nature qui était à l’opposé, qui était de s’abandonner, de s’en remettre à celui qu’elle espérait rencontrer un jour, celui qui saurait la prendre en main, la maîtriser elle, pour la conduire pieds et poings liés par ses chemins à lui sur la voie du plaisir …
Alors, elle avait croisé un jour cet homme dont elle ne connaissait pas grand chose, celui qu’elle ne pouvait appeler que Monsieur, cet homme dont elle avait aimé les mots, puis ceux qu’elle avait commencé par détester, avant d ‘apprendre à les aimer aussi, ceux de quand elle était nue et à genoux devant lui, cet homme qui lui avait dit qu’elle apprendrait à obéir … cet homme discret et honorablement connu aux perversions très insoupçonnables …
Obéir …Obéir pour connaître le plaisir…Le plaisir d’obéir …Les mots résonnaient drôlement dans sa tête… C’était l’idée qui l’avait la plus heurtée, gênée avant de désirer confier son corps et âme …
Il est vrai qu’elle fantasmait depuis si longtemps, qu’elle intellectualisait cette notion du plaisir dans la contrainte, du plaisir mérité au prix de la souffrance consentie qui lui paraissait si bien correspondre à ses plus profondes et plus intimes attentes … que l’idée de faire le pas la tentait terriblement … mais lui donnait aussi la peur au ventre …car elle se rendait bien compte que « Histoire d’O » et les belles images de soumise qui décoraient si joliment son papier à lettres, c’était bien beau et très excitant … en pensée mais « descendre les marches du donjon » pour s’agenouiller nue et enchaînée devant cet homme… c’était autre chose … mais malgré sa peur, l’idée lui plaisait quand même beaucoup…
Au fond d’elle même elle ressentait ce besoin viscéral qui mouillait son entrejambe… alors elle avait fanchi le pas… Oui décidément, elle était très tentée …trop curieuse …
Février 2025 | ||||||||||
L | M | M | J | V | S | D | ||||
1 | 2 | |||||||||
3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9 | ||||
10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 | ||||
17 | 18 | 19 | 20 | 21 | 22 | 23 | ||||
24 | 25 | 26 | 27 | 28 | ||||||
|