HOTEL DE LA PLAGE
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Je descendis du train à la nuit tombante. Il n’y avait personne pour m’attendre. Du reste je n’attendais personne puisque j’étais là.
Il tombait une fine pluie et la gare semblait boire cette eau froide. Le quai glacial, ruisselait et brillait sous le clair de lune du lampadaire. Le train s’ébranla et lorsque je ne vis plus le dernier wagon, le quai resta là, à pleurer le départ de la machine. Je pénétrais dans la salle de la gare, éclairée par une ampoule nue. Froid, tout l’était, ce quai, ces murs où pendaient quelques affiches de paysages clairs, un banc vide, un guichet triste avec un employé au regard absent.
Sérénité, calme depuis le départ du train, rien ne semblait troubler cette gare figée dans la nuit.
Je pris alors le chemin de l’hôtel de la plage où j’avais effectué une réservation pour la durée de l’exposition de peinture à laquelle j’avais été conviée par l’artiste lui-même.
Le jour suivant était aussi gris que la nuit précédente était noire. Je déjeunais face à la lagune avant de me rendre au vernissage. Le ciel était bas, le brouillard dense. Les mains enfoncées dans mes poches, le col de mon manteau remonté, je me rendis à la galerie où à peine entrée, je fus imprégnée par un climat érotique tant que les toiles aussi bien que le décor semblait avoir été chorégraphiés par un metteur en scène.
Je promenais mon regard sur les tableaux, troublée par l’émoi qui se dégageait des modèles peints. Je percevais devant ces toiles quelque choses non pas d’éloignée de la toile, des pigments ou de la forme mais justement le jeu du désir que l’artiste exprimait. Le peintre à travers ses modèles avait mis en scène mon désir de pénétrer la toile et devenir complice non pas comme la position de voyeuse mais celle d’actrice.
J’avais retiré mon manteau, j’étais vêtue d’une mini jupe, chemisier légèrement transparent, bas et cuissardes. Je n’avais pas de culotte car le simple contact de ma chatte sur un siège me plaisait. Ainsi j’avais compris très vite à la frotter discrètement. Je m’échauffais ainsi sur toute sorte de chaises, poufs, banquettes, canapés… Je sentais mes petites lèvres se déplier voluptueusement, frémissantes et humides au milieu de ma fente écartée. Je me dirigeais ensuite vers le buffet, c’est ainsi que cet homme sibyllin, (mon futur Mentor) m’a vue pour la première fois. C’était un soir de novembre, ses yeux étaient fixés sur moi et je ne sais combien de temps il m’a observée. J’ai senti sa présence, me suis retournée. J’ai vu ce personnage, grand, sombre. Sourires mutuels. C’est alors que maladroite je fis tomber mon verre. Je me baissais immédiatement pour le ramasser… Là, j’ai eu du mal à paraître naturelle… il venait de me murmurer à l’oreille :
- « Si vous voulez…, un jour…, je pourrais la toucher. »
Il y a su saisir l’instant lié à ma provocation et me le faire remarquer avec courtoisie.
Il restait posé là en face de moi, moi les yeux sur mes bottes. Je sentis qu’il voulait mon regard, ma tête remonta vers son visage, mes yeux portés sur les siens. Je fixais quelques secondes son regard, me détournais et pris un petit four, gênée mais à la fois agréablement troublée. Je replongeais mon regard de nouveau dans le sien, le mien se détendit, le sien brillait.
- venez ! allons dans un endroit plus calme.
Il m’entraîna alors vers le salon près du buffet, sans un mot je le suivis.
- Moi c’est Maxime et vous ?
- Ode
- J’imagine que vous êtes seule ?
- Devin
- Non, attentif
Un long silence s’en suivit, il m’observait.
- Vous portez toujours des tenues si peu habillées ?
- Non, j’aime les filles en Jean’S Nike également, mais je reste tout de même féminine
- Féminine ?
- Oui, pantalon moulant sans culotte par exemple
- Pourquoi m’avez-vous suivi ?
- Vous n’avez pas la tête d’un satyre et je commençais à m’ennuyer
- Vous croyez ? Vous m’imaginez romantique ?
- Je ne sais pas. Romantique peut-être pas. Directif certainement !
Long silence.
Mes doigts se faisaient nerveux, je jouais avec mon verre, me tenant bien droite sur le bord du fauteuil, jambes croisées.
- Vous savez que les jeunes femmes que je fréquente ne croisent jamais les jambes ;
- Ha ? pourquoi elles ne le font jamais ?
- Pour me rester offerte
- Comment ?
- Pour rester offertes, elles montrent dans cette attitude une soumission
- Soumission ?
- Oui. Vous avez entendu parlé de femme soumise ?
- Histoire d’O,
- Histoire d’O, Des femmes soumises.
Long et pesant silence, je voyais des milliers d’images dans ma tête, mes yeux devaient trahir une pensée plus dérangeante qu’une autre.
- Vous êtes un sadomaso ?
- Pas exactement, plutôt un propriétaire.
S’engagea alors une conversation où je posais beaucoup de questions, il restait discret, sans vraie réponse, aiguisant mes questions.
Je pris congé quelques instant, le prétexte des toilettes. Il me fallait me rafraîchir, mes joues me brûlaient ou bien était-ce mes lèvres…
Lorsque je revins, je remis mes fesses sur le fauteuil, cuisses jointes et non croisées.
- Voici un signe qui annonce un futur présent, très présent ma chère.
- J’ai lu histoire d’O, j’ai bien aimé ce livre, mais je n’ai pas compris pourquoi cette femme fait des choses si peu agréables.
- Regardez-vous, vous êtes revenue des toilettes, les jambes jointes, c’est moins confortable que vos habituelles jambes croisées, et pourtant vous le faites. Pourquoi avoir agis ainsi ?
- Vous m’intriguez esquivais-je.
Je savais que j’avais eu le mot clé, celui qu’il attendait : « il m’intrigue ». A cet instant même j’ avais l’intuition que je serai capable d’oser, je n’avais pas fui devant ses révélations, son attitude, ma vie basculait, cet inconnu me fascinait.
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On l'attend avec impatience